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So Cinema - La passion du cinéma, la passion de la transmettre
7 janvier 2016

Hors-Série - Mad Max : Fury Road vs Star Wars : Le Réveil de la Force

Clash

Un article un peu particulier. Je n’ai pas écrit depuis un petit moment alors je voudrais revenir sur 2 films qui m’ont marqué cette année… pour des raisons différentes.

J’ai appris ce matin même que Le Réveil de la Force était en lice pour devenir le film le plus rentable de l’histoire… A mon sens, ce genre de « classement » n’a pas de réelle valeur, il est plutôt indicatif, notamment la non-prise en compte de certains facteurs tels que l’inflation1. Le problème que j’ai avec cette annonce surtout, c’est que Star Wars ne va pas être rentabilisé par sa qualité en tant que film, mais par l’énorme pub qui l’a précédé. Oui, je prends des positions, je suis un foufou.

Depuis quelques années, voir même une dizaine d’année, on a une espèce de révolution qui s’est mise en place, surtout à Hollywood : les films dont on parle sont ceux qui ont le plus gros budget de production et de pub.

 

Film

Budget

2014

Transformers : L’Âge de l’extinction

210 000 000 $

2013

La Reine des Neiges

150 000 000 $ (215 avec le budget pub)

2012

Avengers

220 000 000 $

2011

Harry Potter et les Reliques de la Mort

275 000 000 $

2010

Toy Story 3

200 000 000 $

C’est une stratégie marketing plutôt logique après tout, mais est-ce qu’on n’aurait pas perdu l’essence même du cinéma : l’ (7ème) ART2 ?

A mes yeux, le cinéma (et l’art en général), est basé sur le concept de refléter la société par ce qu’elle pourrait être dans l’imaginaire d’un artiste.

Voir plus loin, voir plus coloré, voir plus violent, voir plus beau, etc… proposer de la valeur ajoutée à ce que nous connaissons. 
Pour cela, je crois qu’il est nécessaire que l’entité artistique que sont les réalisateurs, producteurs, scénaristes, acteurs et musiciens (pour résumer) d’un film doivent prendre des RISQUES, ou du moins proposer quelque chose de NOUVEAU et c’est exactement ce que je n’ai pas eu avec Star Wars mais que j’ai eu avec Mad Max.

Attention, j’ai aimé Star Wars, il a rempli la majorité des exigences de ce que nous attendions de lui. MAIS… même les spectateurs qui ont clamé haut et fort avoir adoré le film3 ne pourrons pas nier l’argument principal de ses haters : le film manque (cruellement) d’originalité et de prise de risque.

Alors : Comment ne pas prendre de risques ?

Je pense que c’est une question de logique.

Le réalisateur : J.J Abrams fait figure de valeur sûre lorsqu’il faut remettre en piste une franchise ayant eu son heure de gloire dans le passé grâce au succès de Mission : Impossible III (6 ans après le second qui n’a pas rencontré un très grand succès, faute sûrement à un réalisateur (John Woo) ayant une patte artistique trop marquée (ça fait beaucoup de parenthèses, non ?)) et surtout Star Trek.  

L’histoire : Pour rassurer les fans, le studio Disney a décidé, de faire appel à Lawrence Kasdan, qui a écrit les épisodes de Star Wars les plus adulés par les fans : L’Empire Contre-Attaque et le Retour du Jedi. On en parle moins, mais Michael Arnt a également été choisi pour écrire le film, un autre choix stratégique à mes yeux puisque ce dernier a non seulement déjà une expérience dans le domaine de la SF avec le scénario d’Oblivion, mais aussi du respect des franchises avec l’écriture de Toy Story 3.

La musique : John Williams, compositeur de TOUS les épisodes de Star Wars (entre autres chef d’œuvres du 7ème art4)

La publicité : PERSONNE au monde n’a pu manquer la nouvelle de la sortie du film. Même Jean-Pierre Pernaud en a parlé au journal de 13h. Et plusieurs fois ! Star Wars était partout de chez partout. Je ne vais pas en parler plus, vous l’avez tous subit. En plus de ça, Abrams et Disney ont cultivé le teasing très intelligemment : teaser de quelques secondes, pas d’image de Luke Skywalker, différentes version de bande-annonce selon les pays, etc…

Star Wars a été pensé comme un plan de bataille, dans ses moindre détails. Même les spectateurs de l’avant-première ont dû signer une clause de confidentialité !

Pourquoi ne pas prendre de risque ?

Parce qu’on ne peut tout simplement pas se planter sur un film Star Wars, première pierre d’une ambitieuse nouvelle trilogie et de spin-off, qui a une communauté de fan sur plusieurs générations représentant peut-être le plus gros tas de billet qu’un studio de production ne pourra jamais exploiter de sa vie.

Avec Star Wars VII, je pense qu’on a l’exemple type de ce qu’Hollywood est devenu avec le temps : l’argent d’abord, l’artistique plus tard.

Et c’est ce qui me fait venir à la comparaison avec Fury Road.

Après Max Max : Au-Delà du dôme du tonnerre, 3ème opus de la saga Mad Max emmenée par Mel Gibson, est sorti en 1985 et une suite à celui-ci avait été évoquée jusqu’en 1997 ou Miller avait complétement jeté l’éponge pour se concentrer sur d’autres films…. D’un genre assez différent puisqu’il s’agissait de Babe, le cochon devenu berger, parce que oui, c’est de George Miller.

En 2003, Miller annonce qu’il travaille sur un scénario pour un nouveau Mad Max qui se fera certainement sans Mel Gibson : le projet tombe à l’eau pour des problèmes liés notamment à des problèmes d’ordre budgétaires. Ce sera la goutte d’eau qui va passer l’envie à Miller d’un prochain Mad Max… et de passer à Happy Feet, parce que oui, c’est de George Miller.

Novembre 2006, Miller revient sur ses propos et confirme son intention de réaliser un 4ème Mad Max, séduit par un scénario proposé par Brendan McCarthy qui est un auteur de comics, notamment une série de Judge Dredd.

En Mars 2009, Miller annonce que finalement, il va réaliser ces films en image de synthèse et 3D, procédé qu’il a utilisé pour Happy Feet.

En Mai 2009, Miller se dit que c’est une connerie, et qu’il va finalement filmer en 3D et prises de vues réelles.

En Juillet 2010, il est annoncé que le tournage va débuter, et pas n’importe où puisque ce sera en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie, là où tout a commencé pour la saga !... Mais en fait, non. 
Des pluies torrentielles ont considérablement modifié les lieux qu’avait repéré Miller pour le tournage…

Le tournage débutera finalement en été 2012 et en Namibie pour une sortie en 2015.


Outre le fait que cette genèse apocalyptique me fait sourire, elle me permet aussi de la comparer à Star Wars : personne ne s’attendait à un nouvel épisode après la Revanche des Sith, alors que Miller a galéré pendant quasiment 10 ans pour enfin porter ses divers versions de scenarii à l’écran.

Malgré un scénario très basique, le film possède une identité visuelle très marquée avec un design reconnaissable entre mille et remis au goût du jour (on ne reste pas bloqué 20 ans en arrière chez Miller), avec des délires du réalisateur qui tente des choses.

80% des effets du film sont des effets que l’on appelle « pratiques », ce sont des truquages à l’ancienne, pas d’images de synthèse, ce qui est rare par les temps qui courent (bien qu’on y revient peu à peu).

Miller décide d’utiliser des couleurs vives au lieu des dé-saturées et fades qui sont souvent attachées à ce genre de monde post-apocalyptique.

Et franchement, de nos jours, quel réalisateur a le cran d’accélérer des plans comme dans les années 80 pour les rendre dynamique ?

Ces prises de risques ont eu pour conséquence une réception critique très positive pour un film que personne n’attendait vraiment. C’est un peu le même effet que les Gardiens de la Galaxie a eu sur moi, au milieu de tous ces films de super-héros structurés de la même manière.

Star Wars : un film qui a souffert d’une attente exceptionnellement élevée qui a assuré sa rentabilité à coup de marketing poussé à l’extrême plus que par sa qualité, bien qu’elle soit tout à fait respectable
Mad Max : un film que personne n’attendait vraiment qui a été la grosse surprise de 2015.

Alors pour moi, même si avec ses 350 millions de dollars de recette au box-office mondial Mad Max ne peut même pas prétendre à rentrer dans le classement des films les plus rentables, il a, à mes yeux, plus de mérite que Star Wars. 


 1 On cite souvent cet exemple, mais si on prenait en compte l’inflation, Autant en Emporte le Vent (1939) serait le film le plus rentable de tous les temps, avec une estimation de 3 301 400 000 $ contre 2 782 300 000 $ pour Avatar (2009).

2 Art : Les arts représentent une forme de l'expression humaine, généralement influencée par la culture et entraînée par une impulsion créatrice humaine. (source : Wikipedia)

3 Moyenne de 8,5/10 sur IMDB.com, 3,8/5 sur AlloCiné et 93% sur Rotten Tomatoes

4 Indiana Jones, Harry Potter, Jurassic Park…

 

 

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